C’est bien simple, l’ACSI déclare »Si Google+ continue d’attirer les utilisateurs à un rythme régulier, Facebook court le risque de perdre son principal avantage concurrentiel d’ici quelques temps »
Le 15 novembre, à environ 23h45, j'ai laissé mon MacBook Air d'un mois à l'arrière
d'un taxi new-yorkais. Réalisant rapidement mon erreur, j'ai paniqué: les mains
tremblantes, j'ai appelé la Taxi and Limousine Commission, précisé la référence
du taxi (j'avais un reçu) et noté les numéros des différents postes de police où ma
cargaison pouvait avoir échoué (si jamais un bon samaritain l'avait rapporté). Ensuite,
je me suis effondrée contre le mur d'un immeuble et j'ai pleuré.
Évidemment, ce n'était qu'un ordinateur. Mais cette chose superficielle et
dispendieuse contenait l'article que j'étais censée envoyer à un rédacteur
en chef de Slate.com le lendemain matin. Et toutes mes notes dudit article pour
lequel j’étais spécialement venue à New York. Non, je n'avais pas sauvegardé
mes fichiers sur un disque dur externe et non mon ordinateur n'était pas assuré.
Le lendemain matin, je me suis gavée de café et j'ai réécrit l'article. J'ai mis la
main sur le chauffeur de taxi; il m'a dit n'avoir rien trouvé. Une semaine plus tard,
j'ai racheté un nouvel ordinateur, la mort dans l'âme. Et l'histoire s'est arrêtée là.
Jusqu'à ce qu'aujourd'hui, un collègue de Slate envoie un mail collectif
parlant des messages que Facebook cache dans un obscur dossier nommé «Autre».
Vous n'en avez jamais entendu parler? Cliquez sur l'onglet «Messages», à gauche
de votre page Facebook. «Autre» va apparaître en dessous. Cliquez dessus
et vous exhumerez des mois de messages que vous avez probablement loupés.
(La blogueuse Erika Napoletano a posté un merveilleux article agrémenté de copies
d'écran pour vous guider à travers ce processus).
Une fois ses conseils suivis, j'ai pris une profonde inspiration: un homme
m'avait envoyé quatre messages très importants: deux le 16 novembre, un le
17 et un autre le 18.
«Merci de me dire si vous avez perdu quelque chose et indiquez ce que vous avez
perdu», disait le premier. «Avez-vous oublié quelque-chose?? Merci d'indiquer
ce que vous avez perdu», suppliait le second. «Êtes-vous une personne qui a perdu
quelque chose? Merci de répondre et d'indiquer ce dont il s'agit, j'ai vu votre nom sur le
sac que j'ai trouvé», exhortait le troisième. Enfin, il consentait à donner
plus de détails: «Chère Elizabeth, j'ai trouvé votre ordinateur dans un taxi. Merci de
m'appeler au xxxxxxxxx.»
J'ai appelé le numéro sur-le-champ. Un homme a décroché. «Je suis sincèrement
désolée, je viens tout juste de voir votre message Facebook!, lui ai-je dit dans un souffle.
Avez-vous encore mon portable?» Il me répondit qu'il l'avait toujours, mais que je devais
le rappeler dans quelques heures –il était au beau milieu de quelque chose d'important.
OK, j'allais le rappeler. J'ai ensuite envoyé tout un tas de mails remplis de majuscules
à mes collègues pour leur faire part de ce fiasco (tellement professionnel),
puis, évidemment, j'ai rédigé un statut Facebook qui traduisait ma rage (tellement méta).
Comment Facebook pouvait-il faire ça? Pourquoi feraient-ils ça? Les messages
Facebook sont l'équivalent des mails sur le réseau social (ou du moins, c'est ce qu'ils
étaient jusqu'à ce que le site mette en service un mail Facebook en novembre dernier).
Les utilisateurs peuvent en envoyer en cliquant sur l'icône «message» en haut des
profils, ou en cliquant sur le bouton «nouveau message» dans la page dédiée. J'ai
demandé à une commerciale de Facebook comment, quand et pourquoi le
système de messagerie avait été modifié pour intégrer ce pernicieux onglet «Autre».
Facebook, m'a répondu la commerciale, est passé au «Social Inbox» en novembre
2010 afin de discerner les messages «significatifs» entre ceux qui le sont moins.
Elle m'a aussi envoyé cette explication officielle qu'on retrouve sur
Ce n'est visiblement pas normal qu'un message de votre meilleur ami se retrouve pris en sandwich entre une facture et le communiqué d'une banque. Ce qui ne veut pas dire que ces messages ne soient pas importants, mais l'un d'eux est plus significatif. Avec les nouveaux Messages, votre Inbox ne contiendra que les messages de vos amis et de leurs amis. Tous les autres messages iront dans le dossier «Autre» que vous pourrez consulter séparément. Si quelqu'un que vous connaissez et qui n'est pas sur Facebook vous écrit, son message se retrouvera initialement dans le dossier «Autre». Mais vous pourrez facilement déplacer votre conversation dans votre Inbox, et tous vos échanges futurs avec cet ami se retrouveront dans ce dossier.
Avant le Social Inbox, tous les messages arrivaient dans une boîte unique. Mais depuis
cette modification, les messages n'apparaissent pas dans la boîte principale s'ils
n'émanent pas d'amis ou d'amis d'amis. Les listes de diffusion et autres messages
groupés sont eux aussi mis de côté.
En novembre dernier, ce ravalement de messagerie s'est accompagné de la mise en
service du mail Facebook et des SMS. Ces deux options doivent être activées
avant de pouvoir fonctionner. Si vous activez le mail Facebook (en haut de la page
des messages) ou les SMS, ces messages apparaîtront aussi dans votre Social Inbox,
votre boîte de réception principale.
Soyons clairs, je n'ai pas activé ces nouvelles fonctionnalités: mon problème ne
concernait que les messages Facebook les plus basiques. Et quand j'ai envoyé
mes mails énervés à mes collègues, aucun d'entre eux, non plus, n'avait entendu
parler de cet onglet «Autre».
Certes, le gros des messages qu'ils y ont découvert étaient des spams. Kate
Julian, une responsable de Double X a quand même trouvé cette pépite, envoyée
par Scott, un «veuf»:
«coucou kate,coucou ma jolie, sava?je m'appl Scott, je sui célib, je suis veuf... j'ai vu ton profil et maintenant j'ai décidé de t'écrire...tu est si belle,j'adorrerai ensavoir plus sur toi...prend bien soin de toi.»
Mais tous les messages portés disparus n'étaient pas du même acabit.
Will Oremus, journaliste à Slate, a découvert deux messages dignes d'intérêt: l'un
envoyé par un recruteur d'un autre groupe de presse lui demandant s'il était
intéressé par un poste qui se libérait chez eux («Heureusement que je ne l'étais pas!»,
m'a dit Will) et l'autre émanant d'une personne«dont le père, mort, avait fait l'objet d'un
article il y a quelques années». Le second message commençait ainsi: «Vous êtes
l'homme le plus dégoûtant de cette planète. Même après plus de trois ans, entendre
votre nom me donne envie de vomir.»
Will n'était pas trop bouleversé de les avoir ratés, mais d'autres collègues de Slate
avaient loupé des messages qu'ils auraient réellement désiré lire en temps voulu.
«J'ai raté l'invitation d'une télé israélienne, environ 20 commentaires super
gentils sur mon article sur les anniversaires Facebook, tout un tas de mails de fans
de Gabfest, et un petit message sympathique d'un cousin que je ne connais pas»,
m'a précisé David Plotz, rédacteur en chef de Slate. Et Julia Turner, rédactrice
en chef adjoint, a aussi loupé quelque chose qu'elle aurait aimé recevoir:
«J'ai loupé un message formidable que m'ont envoyé mes premiers colocs de New York et qui raconte comment notre gros taré de propriétaire est aujourd'hui impliqué dans une bataille juridique impossible pour avoir loué un appartement à 1,5 million dans Tribeca à un type qui a ouvert un bordel au sous-sol proposant des “massages torrides”. Les voisins sont tellement furieux qu'ils n’arrêtent pas de déposer des crottes de chien devant sa porte! J'aurais pu vivre sans le savoir, mais je suis tellement contente de l'avoir appris.»
Alors, comment être sûr de retrouver votre ordinateur perdu, de participer à une
émission israélienne ou de répondre immédiatement à des offres
d'emploi? Malheureusement, selon la commerciale Facebook, vous ne pouvez pas
modifier vos paramètres de messagerie et recevoir les notifications de vos
messages «Autre» comme c'est le cas pour ceux de votre boîte principale. Ce
qu'il vous reste à faire: toujours vérifier votre onglet «Autre» quand vous vous
rendez sur Facebook.
J'ai appelé mon ange gardien d'ordinateur quelques heures plus tard. En fait,
il s'appelle Ralph Nakash et est l'un des fondateurs israéliens de Jordache
Enterprises. (Visiblement, ils ne font pas que des jeans). Ses précieux messages
m'ont été envoyés par sa secrétaire.
Quand je l'ai eu au bout du fil, il m'a demandé pourquoi j'avais mis tant de temps à
répondre, je lui ai parlé du système fou de Facebook et de son tri des messages.
Il m'a invitée à prendre un café dans les bureaux new-yorkais de Jordache la prochaine
fois que je suis en ville. Je l'ai abondamment remercié. Sa secrétaire m'a envoyé
mon portable par FedEx.
En somme, est-ce que je maudis Facebook pour m'avoir caché les messages de Nakash,
ou est-ce que je le félicite de lui avoir permis de rentrer en contact avec moi? Je
vais faire les deux. Merci Facebook d'avoir aidé ce gentil monsieur à me rendre
mon portable. Mais s'il te plaît, essaye de mieux expliquer tes nouveaux services et
tu feras, je pense, le bonheur de beaucoup de gens.
Elizabeth Weingarten
Traduit par Peggy Sastre
Aux Etat-Unis, 81% des 18-29 ans sont parfaitement à l'aise
avec le concept de vie privée instauré par Facebook..
Photos, statuts, vidéos... Le réseau social conserve
nombre d'informations vous concernant. Les américains
s'en moquent à 70%. Êtes-vous de leur avis? "Facebook
connaît tout de votre vie". Qui n'a pas entendu cette phrase
dans une soirée, les transports en commun ou à la terrasse
d'un café? Pourtant, selon un sondage Poll Positionpublié
ce mercredi aux Etats-Unis, ça ne pose aucun problème à 70%
des utilisateurs du site, bien au contraire. La fin de la vie
privée, prophétisée par Mark Zuckerberg, est-elle en
marche? Assiste-t-on à une mutation de nos frontières
publiques?
Car, si étaler sa vie sur Facebook refroidit 23% des sondés et 50% des plus de 65 ans - 81% des 18-29 ans sont parfaitement à l'aise avec le concept. Pour eux il n'est pas anormal de publier des photos de leur dernière soirée, parler de sa vie de famille, de son boulot et de ses amis sur le Réseau. Et peu importe si Facebook est dans la confidence.
La vie privée "publique", est-ce si populaire?
Et en France? Personne ne quitte en route le navire de Mark Zuckerberg? Si. Selon une autre étude, de Lightspeed Research, 10,5% des Français inscrits ont abandonné Facebook en 2011. Pas, en majorité, parce qu'ils craignent pour leur vie privée, mais par... lassitude: 43% des sondés s'y ennuient. Ce qui n'empêche pas Facebook de poursuivre sa conquête de l'Hexagone: c'est désormais 25 millions de Français qui sont actifs chaque mois sur le site.
Les résultats du sondage de Poll Position sont surprenants. Souvent montré du doigt par les autorités et les utilisateurs, victimes de bugs en série qui créent des failles de sécurité (la dernière en date a rendu publiques les photos de son fondateur), le site de Mark Zuckerberg a, en matière de données privées, un passé très chargé. A tel point qu'il a été contraint de passerun accord avec le gouvernement américain sur sa politique de confidentialité.
Et vous, faites-vous attention aux données que vous publiez sur Facebook? Avez-vous confiance dans le réseau social? Au contraire, vous en méfiez-vous? Et si oui, pourquoi?