En effet, laisser sur le tarmac un avion qui a coûté au budget de la Défense 176 millions d'euros n'est pas une vue saine des réductions budgétaires. Les autres ministres qui auront à se déplacer durant les quatre jours du voyage américain du président, ne pouvant utiliser l'A330, auraient dû louer des appareils privés. Pas vraiment rentable.
À l'arrivée à Camp David, le Falcon 7X, même s'il est considéré par les experts comme l'un des plus beaux avions de sa génération, serait apparu comme le Petit Poucet à côté d'Air Force One, le Boeing 747 du président américain, ou de l'Airbus A340-600 d'Angela Merkel qui a investi 650 millions d'euros dans le renouvellement de la flotte présidentielle outre-Rhin. Il en va donc du prestige du pays. Autre intérêt de l'A330 français, il peut transporter soixante invités. C'est très utile quand le président, VRP de la France, est accompagné de dirigeants d'entreprise qui vont signer des contrats à l'occasion du voyage.
Invendable
Certes, l'Élysée aurait la possibilité de mettre en vente l'A330 présidentiel. Cet avion est très prisé par les compagnies aériennes au point qu'Airbus doit en augmenter les cadences de fabrication. Mais pour remettre aux standards du transport aérien l'ex-Air Sarko One il faudrait dépenser une centaine de millions d'euros et casser chambre, bureau et salle de bains présidentiels, salle de réunion, centre de télécommunications, mini-bloc opératoire, etc. Un autre chef d'État ou un grand patron de multinationale pourrait-il être intéressé par l'avion en l'état ? On les compte sur les doigts de la main et il n'est pas certain que les choix sarkoziens d'aménagement de la cabine conviennent. L'État devrait alors acquérir un nouvel avion, y installer les équipements de communication nécessaires au président. L'addition risque d'être salée.
S'il est indéniable que l'utilisation de l'A330 par Nicolas Sarkozy n'a pas toujours été optimisée dans le cas, par exemple, d'allers et retours Paris-Bruxelles, le président doit-il pour autant prendre le train "comme un homme normal". Cette déclaration imprudente du candidat Hollande ne prend pas en compte les contraintes de sécurité des déplacements ferroviaires où chaque pont doit être gardé par les forces de police. On peut aussi imaginer les perturbations subies par des milliers de voyageurs quand deux à trois quais de la gare du Nord sont neutralisés pour le départ présidentiel. Si l'insertion d'un avion ministériel dans le trafic aérien est indolore, il n'en est pas de même pour une circulation ferroviaire. Autre contrainte, après 21 heures, il n'y a plus de train pour rentrer de Bruxelles comme de Londres alors que les réunions se tiennent souvent à l'occasion d'un dîner.
Dernière option, on peut mettre en place un avion pour le retour qui voyagera à vide à l'aller... Coûteux également ! "Sur de petites distances de moins de 500 kilomètres, la meilleure efficacité de porte à porte est apportée par l'hélicoptère qui demande peu de moyens de sécurité au sol", explique un membre du service des voyages présidentiels, "mais Nicolas Sarkozy ne l'aimait pas".