Le secteur touristique a été sérieusement touché par les événements dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient depuis l'hiver dernier. Avec l'accalmie, différentes structures réfléchissent à des programmes de relance.
On s'en doutait, les chiffres le confirment : les destinations touristiques phares continuent à être désertées à la suite des révolutions démocratiques dans les pays arabes. Ainsi, la Tunisie et l'Egypte ont vu baisser le nombre de touristes étrangers environ de moitié (-48,5% à 327.293 personnes et -45,3% à 1.894.044 respectivement) au cours des quatre premiers mois de 2011. Les chiffres, fournis par le secteur hôtelier sont encore plus inquiétants. La Tunisie enregistre une baisse de 35% sur le premier trimestre 2011. En Egypte, c'est pire: baisse de fréquentation de -80% en février, -60% en mars et -35% au mois d'avril en comparaison avec 2010.
Epargnés par les révoltes, les pays voisins font le même constat, mais avec des baisses moins marquées. Avant l'attentat de Marrakech, le Maroc enregistrait une baisse de fréquentation de 5% par rapport à l'année dernière. Le repli du tourisme s'est également étendu aux pays du Moyen-Orient. Par exemple, la Jordanie, touchée par des manifestations en février dernier, enregistre également une baisse de fréquentation, notamment -12,3% pour les touristes français au cours des trois premiers mois de l'année 2011.
Campagnes publicitaires pour rassurer
Face au déclin du tourisme, la communication reste le meilleur moyen pour les pays arabes de relancer l'activité du secteur. Une nouvelle campagne publicitaire, lancée en mai par l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) ironise sur les événements politiques des mois précédents. «L'idée est de proposer une campagne de communication agressive en trois phases: tourisme balnéaire, tourisme culturel et tourisme du golf», affirme Adel Ben Khelil de l'ONTT. «Les gens se décident à partir toujours à la dernière minute, et il est possible qu'ils changent d'avis pour la Tunisie».
L'Egypte, qui mise sur le retour des touristes à la rentrée, prépare également une campagne à paraître dans la presse quotidienne et sur Facebook. «Nous avons déjà réussi à faire revenir les touristes des pays de l'Europe de l'Est en Egypte. Notre but maintenant, c'est de rassurer les Européens que tout va bien dans le pays pour qu'ils reviennent en hiver», commente Nahed Rizk, directrice de l'Office de tourisme de l'Egypte à Paris. Avec une relative accalmie sur le plan politique, le Ministre égyptien du tourisme Mounir Abdel Nour affirme voir «le bout du tunnel», précisant qu'il n'y a pas eu un moindre incident avec les touristes depuis le 25 janvier, le début des troubles. Pour rassurer davantage les voyagistes en France, le ministre viendra le 7 juin à Paris dévoiler son plan de relance du tourisme dans le pays. En attendant, l'Egypte organise une campagne de voyages pour la presse et les tour-opérateurs.
La Jordanie, pourvue d'un budget de promotion moins important que les principales destinations touristiques du Maghreb, mise sur Internet, en espérant d'attirer aussi un public différent des habitués du pays. «Il s'agit des campagnes lancées pour des prix relativement accessibles, visant notamment les familles avec les enfants», indique Xavier Gougeon, le directeur de l'Office de tourisme de Jordanie en France.
Les tour-opérateurs plus prudents..........
Malgré l'annonce de nombreux programmes de relance par les gouvernements, les voyagistes français restent pour le moment reservés quant aux perspectives de reprise de l'activité touristique sur ces destinations. A la suite de nombreux reports et annulations , le groupe Thomas Cook affirme que l'impact des non-reservations a été estimé pour l'ensemble du Groupe à 22 millions de livres sterling (17,8 millions d'euros) au premier semestre de cette année, avec près de 160.000 annulations pour la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le voyagiste vise un objectif de 60% du chiffre d'affaires pour cet été, mais espère une reprise prochainement grâce aux promotions faites sur les circuits.
Chez FRAM, toutes les destinations sauf la Syrie sont rouvertes. «Si des problèmes surviennent, nous adaptons tout de suite les circuits pour éviter les zones touchées par les troubles. Grâce à un réseau de correspondants sur place, nous sommes constamment informés de la situation dans ces pays», affirme Adeline Cannère, une porte-parole de FRAM, ajoutant que les objectifs de cette année sont revus à la baisse. A cause des problèmes dans le monde arabe, les agences FRAM auraient perdu près d'un tiers de voyageurs, mais espèrent une reprise prochainement. «Il ne faut pas sous-estimer le bouche-à-oreille. Nous faisons témoigner ceux qui y sont allés», précise-t-elle, avant de conclure: «Mais pour l'Egypte, à leur place, j'aurais sauté sur l'occasion. Il n'y a personne, c'est très agrèable».
Les voyagistes espèrent un début de retour vers la normale à la rentrée, sans toutefois donner des informations plus précises.
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