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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 11:10

 

"Le parlement", l’islamophobie, l’islamisation et l’intimité dévoilée

 

 

 

La toile - La randonnée quotidienne des Facebookers

 

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La toile tunisienne continue de se concentrer sur la Révolution. Après avoir participé à la chute du dictateur, appelé à la chute de la dictature, elle se met aujourd’hui à la l’édification de la nouvelle Tunisie. Dans ce but, éradiquer les racines du mal afin de ne lui laisser point de chance pour survivre dans la nouvelle ère, continue à être l’une des principales activités des facebookers.

En outre, les preuves prouvant que des personnes ou des organisations aient été des lèche-bottes, des pilleurs ou des supporters farouches de l’ancien régime, sont les principaux documents qui circulent sur le net. Les gens qui l’aient été et qui ont osé aujourd’hui se faire porte-parole de la révolution sont les plus lynchés.

Le parlement de la honte

Ainsi, la réunion tenue par le parlement pour voter et transmettre le pouvoir au président de la république dans l’instauration des lois a pendant plus de vingt-quatre heures alimenté des commentaires cinglants. Les internautes ont été unanimes : les crises d’hystérie lesquelles on a pu voir de personnes défendant le peuple et la révolution ont été jugés comme pathétique mascarade que les parlementaires auraient dû épargner au peuple. Ils auraient dû simplement voter dit-on sur la toile et une à une les personnes ayant participé au show on été " démasquées " preuve à l’appui de leur complicité avec l’ancien régime.

Droit de réponse

Et les facebookers se montrent ouverts, tel un animateur de débat, en faisant circuler l’opinion et l’opinion opposée. On trouve alors une vidéo du chef du district du Kef présenté comme accusé, à qui on a par ailleurs affligé " barbarement et honteusement " sa punition et une autre où il est décrit comme une victime. On retrouve une vidéo d’une femme accusant le nouveau gouverneur de Bizerte de vol et de malhonnêteté et une autre où le gouverneur répond à ces accusations.

Les groupes se formant constituent également des vraies campagnes contre ou pro certains leaders. Néjib Chebbi, Rached Ghannouchi ou Marzouki sont tout aussi admirés que lynchés, selon les groupes qui se constituent.

Un hommage est par ailleurs rendu à l’armée tunisienne qui non seulement protège les Tunisiens, mais qu’on voit dans certaines vidéos participant au nettoyage des rues. Un point d’honneur est accordé également au ministère de l’intérieur, longtemps considéré comme ennemi par le passé. Et pour cause, la constitution d’une page Facebook dont le but est de communiquer avec les facebookers.

Islamophobie et islamisation

L’Islam était jusqu’ici un sujet tabou en Tunisie. D’un côté, l’ancien régime réprimait les pratiquants assidus, d’un autre opprimait ceux qui déclaraient s’être convertis à d’autres religions. Les Tunisiens se sont alors partagés entre ignorants de l’Islam et donc aient cultivé la peur qu’il inspire à certains et pratiquants se sentant humiliés et donc se sont senti concernés par le fait de protéger leurs droits. Ce partage se lit aujourd’hui sur la toile. Entre ceux qui expriment une vraie paranoïa face à l’Islam, paniquant à l’idée de voir des voilées ou barbus se baladant librement en Tunisie, mélangeant les termes : musulmans, islamistes, terroristes et ceux qui appellent à l’islamisation de la Tunisie, seul moyen pour eux de garantir leurs droits.

Et pourtant il existe bien un modèle de laïcité garantissant les droits des uns et des autres, celui de la Suède. Chacun est libre de pratiquer sa religion et ses croyances n’est pas quelque chose d’impossible. Ce qui compliquerait bien les choses par contre est que la société elle-même tombe dans la paranoïa d’un côté ou de l’autre et que les individus continuent à s’attaquer mutuellement et à s’insulter.

Intimité dévoilée

L’ancienne première dame, continue elle aussi à avoir tous les jours son lot d’insultes, de stigmatisations, d’ironie et même de scandales. Ce qu’on n’osait même pas murmurer tout bas il y a à peine deux mois, fait aujourd’hui un tabac. Deux vidéos sont par ailleurs les plus partagées et visionnées. La première est celle d’un garde rapproché qui a jugé de son devoir envers la nation de dévoiler les intimités du couple Ben Ali, avant et après le mariage. C’est à croire que connaître les petites habitudes mal-saines de l’ancienne première dame pouvaient participer à la construction de la nouvelle Tunisie pour que le garde en question croit avoir rendu service au pays en les dévoilant.

La deuxième vidéo est celle d’une petite excursion maritime où l’on voyait l’ancien président, sa femme, leurs familles et Soha Arafat. C’était le bon vieux temps …

La voix de la raison

Malgré que nombreux continuent sur la toile à cultiver une curiosité sans borne pour les secrets des Ben Ali-Trabelsi, d’autres sont déjà passés à la nouvelle ère. On continue alors à attirer l’attention des gens sur la nécessité de reprendre le travail, d’arrêter les grèves, de faire attention aux mouvements de protestation qui constituent l’occasion à des pillards, des miliciens ou des anciens prisonniers d’y apporter de la violence.

On essaye également de dévoiler qui sont derrière les violences et le mouvement d’incendie visant les commissariats. On met en garde contre ceux qui risquent de saboter la construction de la Tunisie, mais ceux également qui essayent d’effacer l’identité de la Tunisie. Ainsi, on retrouve également des vidéos qui parlent des francs maçons, appelant à la vigilance contre leur présence dans le gouvernement. La toile se montre alors plus diversifiée que jamais. Seulement il faudra toujours savoir faire le tri, au risque de tomber dans la paranoïa.

Le personnage invité

Et même si les internautes tunisiens ne laissent point échapper le moindre détail sur ce qui se déroule en Tunisie, ils gardent un œil sur ce qui se passe dans les autres pays, l’Egypte à leur tête. La même pression ou presque ressentie avant les discours de Ben Ali avant sa chute, se fait sentir avant ceux de Moubarak. Aussitôt qu’il finit de prononcer son discours, les commentaires, blagues ou critiques se font remarquer dans les différentes pages et profils. Certes, on soutient les Egyptiens contre le régime, mais on s’amuse également à relater les points communs entre le Pharaon du Nil et l’ancien dictateur tunisien. Assistons-nous par l’occasion à la naissance du nouveau nationalisme arabe enterré par les leaders, réclamés par les peuples dans leur lutte commune pour la liberté ?

Hajer AJROUDI

 

Câbles du Caire 

 

Nabil Elkot, membre du Mouvement Kifaya et l’Association Nationale du Changement

« Nous continuerons notre démarche »

« Nous n’allons pas quitter la place de la Libération (Maïden Attahrir). Nous continuerons notre démarche pour réformer le régime qui a toujours régné. Les membres de l’Alliance du 25 Janvier vont procéder durant la prochaine période à former un gouvernement transitoire et réformer la constitution. Il sera question de la dissolution du système du bi-caméralisme : la Chambre des députés (Majless Achâab) et la Chambre des conseillers (Majless achoura) et de l’annulation de la loi d’exception ».

S.F

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Mohamed Megahed, journaliste à "Almasry Alyoum"

Mabrouk pour l’Egypte, Mabrouk pour la Tunisie

 

Il était présent à côté du palais présidentiel, avec la foule d’Egyptiens qui s’y sont rendus hier, au moment où nous l’avons appelé pour sonder son opinion. Il nous raconte la réaction des gens là-bas au moment où l’on a su que Moubarak n’est plus au pouvoir et leur position par rapport à l’armée qui est actuellement le maître à bord.

« C’est par Internet et par téléphone que nous avons appris la nouvelle, incroyable pour nous. Nous n’avons pas pu le croire, pourtant on avait envie de le faire et on a tous commencé à le vérifier. Finalement, c’était vrai, le verdict est tombé et Moubarak est parti. La réaction fut terrible. La joie a éclaté, nous avons crié : « Mabrouk à l’Egypte et à son grand peuple » et j’ai écrit sur Tweeter : « Mabrouk pour l’Egypte, Mabrouk pour la Tunisie, la Tunisie nous a ouvert la porte, nous étions avec vous durant votre révolution et vous étiez avec nous », témoigne Mohamed Megahed.

Par ailleurs, l’armée assure aujourd’hui la transition mais elle n’est pas au pouvoir. La chambre des députés et le parlement ont été dissous. Le président du haut tribunal constitutionnel sera chargé de modifier la Constitution et nous aurons des élections transparentes et honnêtes.

Il est vrai que la position de l’armée n’est pas encore claire, nous attendons à cette effet une déclaration d’ici quelques heures, mais le plus probable est qu’il ne s’agit point d’un putsh militaire. D’ailleurs un régime militaire nous ramènera 60 ans en arrière. Depuis 1952, l’Egypte est gouverné par l’armée, tous nos présidents ont été militaires convertis en civils, il est temps que ça change. Quant à Moubarak, je ne sais pas s’il a quitté le pays. J’ai appris qu’il s’est rendu à Charem El Cheikh, on le dit parti en Allemagne ensuite, mais personne ne connaît la vérité jusqu’à cet instant. S’il reste ici, nous demanderons qu’il soit jugé pour corruption et d’autres crimes, lui et ses proches. Avec la chute de Moubarak, tout le système a chuté, aujourd’hui on est libre, nous n’avons ni peur ni du désordre ni de l’avenir. L’avenir, ce sera nous qui le construirons.

Hajer AJROUDI

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Sherif Baraket, animateur de l’émission « La vie m’a appris »

La révolution égyptienne est une révolte pacifique

« C’est comme si l’Egypte a eu la Coupe du monde ! Ainsi c’est exclamé Sherif au bout du fil. C’est magnifique, on est libre. Les médias ont participé à ce mouvement chacun à sa façon. Les médias privés sont passés par plusieurs étapes ; soutenir la révolution, s’inquiéter de la violence qui a accompagné la révolte et puis quand ça s’est éclairci, ils ont repris leur soutien à la population. Les médias officiels se sont abstenus de relater les faits pendant trois jours, ensuite, ils ont commencé à le faire. Finalement, tous les médias ont rejoint le mouvement. Les médias étrangers ont eu différentes positions, de l’inquiétude à l’intérêt, ainsi que les différentes forces étrangères qui ont suivi ce qui s’est passé, tous ont appelé au changement, puis au changement immédiat pour déclarer que finalement ils accepteraient le choix des Egyptiens.

La révolution égyptienne est une révolte « blanche » pacifiste. Entamée par les jeunes qui ont lancé l’appel sur Facebook, elle a ensuite été rejoint par les différents partis, religions, couches sociales. On a revendiqué les droits à la dignité, à la liberté, et on a dit non à la corruption, la marginalisation, l’augmentation du taux du chômage. Il a été clair que le peuple égyptien, uni dans sa quête, ait été plus fort que les islamistes et leur influence, d’ailleurs le nombre des Frères musulmans est insignifiant par rapport à la population.

Tous les pays étrangers ont essayé d’influencer le mouvement. Même le président Moubarak a un point d’honneur pour avoir refusé l’influence étrangère. Khamini et Nasrallah ont été insultés quand ils ont donné leur discours de soutien pour la population égyptienne. Cette dernière est certes aujourd’hui partagée entre une moitié heureuse et une autre inquiète, mais elle est unanime sur la nécessité du changement. Il existe beaucoup de gens tristes pour le sort de Moubarak, mais c’est plutôt émotionnel. Après tout, Moubarak n’était pas aussi détesté que son système et sa famille, même quand il est haï c’est à cause d’eux.

H.A

 

 

Le monde arabe tremble 

 

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Le Temps-Agences -

Sur fond de révoltes en Tunisie et en Egypte, plusieurs pays arabes ont pris des mesures pour prévenir des troubles du même type, augmentant les salaires et les subventions sur les produits de base. Mais ces initiatives pourraient se révéler néfastes à terme pour leur économie, selon les experts.

 

"Les subventions sont nécessaires aujourd'hui pour la survie politique à court terme", souligne Said Hirsh, économiste chez Capital Economics, basé à Londres. Mais elles risquent de détériorer les finances publiques de ces pays dans les mois et années à venir, met-il en garde.

Dans la foulée de la "révolution du jasmin" en Tunisie et de la révolte en Egypte, la Jordanie, le Yémen et la Syrie ont annoncé une série de mesures pour calmer les mécontentements liés à des décennies d'injustices économiques: hausse des subventions sur les produits alimentaires et le fioul, augmentation des salaires ou encore baisse de taxes.

En Egypte et en Tunisie, des annonces similaires n'ont pas suffi à désamorcer la colère populaire, liée en grande partie à d'autres facteurs comme la corruption et un pouvoir autocratique.

Mais l'aspect économique est loin d'être négligeable dans des pays où beaucoup vivent dans la pauvreté. En Jordanie, le gouvernement a annoncé pour 550 millions de dollars (404 millions d'euros) de subventions sur les produits de première nécessité comme le carburant, le riz et le sucre. C'est "un pas dans la bonne direction", juge Leila Rousan, une employée de banque de 28 ans.

La Jordanie est confrontée à un dilemme: mener une politique d'apaisement social au détriment de sa dette publique ou bien continuer comme avant au risque de mécontenter sa population. L'économie jordanienne, qui tire une grande part de ses revenus des investissements étrangers et du tourisme, enregistre un déficit record de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) sur l'année fiscale, une inflation en hausse et un haut niveau de chômage et de pauvreté.

Des manifestations plus modestes qu'en Egypte ont eu lieu dans le pays, et le roi Abdallah II a limogé le gouvernement pour éviter une montée de la contestation. Mais les récents événements ont montré la vulnérabilité économique de la Jordanie. L'agence de notation Moody's a dégradé une série de notes concernant le pays.

"Nous pensons que les troubles actuels vont réduire les perspectives de croissance à moyen terme dela Jordanie et dégrader ses finances publiques", déclare Luc Marchand, analyste chez Standard and Poor's.

Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, a décidé d'augmenter jusqu'à 25% les salaires d'un million d'employés civils et militaires pour un coût de 415 millions de dollars (305 millions d'euros). Sanaa a également annoncé la création de 60.000 emplois pour les jeunes diplômés.

De son côté, la Syrie a annoncé un plan de 255 millions de dollars (187 millions d'euros) en faveur des pauvres, précisant que l'aide mensuelle pour le fioul domestique passerait de 20 à 32 dollars (14,70 à 23,50 euros) par mois: la première augmentation du genre depuis 2001.

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Les cafouillages de la CIA

Le Temps-Agences -

En jugeant jeudi "probable" une démission de Hosni Moubarak, quelques heures avant d'être brutalement démenti par les faits, le patron de la CIA Leon Panetta a jeté une lumière crue sur la difficulté des Etats-Unis à appréhender les bouleversements en cours dans ce pays allié.

 

Interrogé lors d'une audition au Congrès sur les intenses spéculations selon lesquelles le président égyptien allait quitter le pouvoir, le chef du renseignement américain avait affirmé: "J'ai les mêmes informations que vous, à savoir qu'il y a une forte probabilité que Moubarak démissionne ce soir".

"Je ne connais pas les détails de la façon dont cela se passerait mais je pense qu'il transmettra la plupart de ses pouvoirs (au vice-président Omar) Souleimane pour qu'il dirige le pays et mène à bien les réformes que nous espérons voir mises en oeuvre", avait-il poursuivi.

Un responsable du renseignement américain, avait immédiatement tempéré ces déclarations, assurant que le directeur de la CIA faisait référence... aux informations parues dans les médias et non à des informations propres à la CIA.

Et quelques heures plus tard Moubarak annonçait certes qu'il transférait ses prérogatives au vice-président Omar Souleimane, mais sans démissionner, à la fureur des Egyptiens qui manifestent en masse contre le pouvoir depuis 17 jours.

Ce quiproquo retentissant intervient alors que la CIA, dont le budget 2010 a dépassé les 80 milliards de dollars, est la cible de critiques pour son incapacité à prévoir et à analyser la révolte en cours en Egypte, et son extension potentielle à d'autres pays de la région.

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Les désarrois moyen-orientaux d’Obama

Le Temps-Agences -

Pas "suffisant", a dit Barack Obama, en commentant, jeudi soir 10 février, l'allocution télévisée d'Hosni Moubarak. Le raïs égyptien venait d'annoncer qu'il déléguait ses prérogatives de chef de l'Etat à son vice-président, Omar Souleimane, mais qu'il n'en restait pas moins à la présidence (pour le moment).

 

Le propos de dépit de M. Obama illustre l'un des aspects les plus saillants de cette crise : la relative impuissance des Etats-Unis à peser sérieusement sur les événements. L'Amérique ne semble en mesure ni d'exercer une influence déterminante sur le raïs, l'un de ses alliés les plus proches dans la région, ni sur la rue égyptienne.

Les Etats-Unis souhaitaient le départ de M. Moubarak - sans oser le dire publiquement. Ils voulaient que le président égyptien, en annonçant son retrait, accède à la principale revendication de l'immense mouvement de protestation qui secoue l'Egypte depuis dix-huit jours.

C'eût été un geste symbolique de grande portée politique, susceptible d'apaiser la colère des Egyptiens qui manifestent, un geste de nature à empêcher une radicalisation du mouvement.

M. Obama n'a pas caché sa frustration : "Le gouvernement égyptien doit tracer un chemin crédible, concret et sans équivoque vers une démocratie réelle, a-t-il dit, et ses membres n'ont pas encore saisi cette occasion."

Depuis le début de la crise, Washington hésite. Quel camp choisir ? D'un côté, un allié fidèle, que l'on subventionne à coups de milliards de dollars mais qui est un dictateur ; de l'autre, un mouvement qui le conteste au nom même de valeurs que les Etats-Unis veulent incarner.

Le régime égyptien représente la stabilité stratégique, la garantie du maintien de l'accord de paix conclu en 1979 avec l'autre grand allié régional de Washington, Israël. La place Tahrir, elle, est la voix d'une révolte en marche pour promouvoir un credo démocratique cher à l'Amérique...

Les Etats-Unis ne veulent pas le chaos ni la remise en cause de la paix égypto-israélienne. Mais ils n'entendent pas non plus être du "mauvais côté" dans cette histoire. La vérité est qu'elle se fait, très largement, sans eux.

Leur désarroi donne la mesure de leur impuissance relative. Ils disposent bien de "l'arme atomique" : ils peuvent étrangler financièrement l'Egypte en suspendant leur aide de 2 milliards de dollars annuels. Mais à qui cela profiterait-il ? Proche des théories du complot en vogue au Proche-Orient et ailleurs, l'image d'une Amérique qui tire toutes les ficelles dans l'ombre a moins de sens que jamais.

La guerre froide est finie depuis longtemps : pas plus Washington que Moscou ne sont maîtres de ce qui se passe dans leur zone d'influence. Les événements d'Egypte se déroulent de façon imprévisible. Ils sont façonnés par les réactions d'un mouvement protestataire qui dispose d'un instrument de communication, donc de mobilisation, sans précédent : Internet.

Le face-à-face entre M. Moubarak et la place Tahrir est une affaire compliquée, à facettes multiples. Mais c'est d'abord une affaire égypto-égyptienne.

Hakim El Karoui était au chevet de Ben Ali  A-copie-4.jpg

 

L’escalade des protestations dans les régions et la révolte des jeunes avaient fini, trois semaines après que Bouazizi s’est immolé par le feu, par déstabiliser Ben Ali. Désormais, il ne faisait plus confiance ni à son entourage ni à ses experts, et ne savait plus où donner de la tête pour sauver encore une fois son trône.
C’est alors que l’un de ses gendres, Marouane Mabrouk, patron d’Orange Tunisie dont il détient 51% des parts, contacte Hakim El Karoui, banquier chez Rothschild et ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin lorsqu’il était Premier ministre.
Hakim El Karoui, Franco-Tunisien, communicateur et financier très influent dans les milieux politiques et économiques dans l’Hexagone, a ainsi adressé au président déchu trois lettres sous forme de notes d’une page chacune formulant des conseils précis à Ben Ali. Dont certains ont été suivis à la lettre.
La Presse a pu se procurer deux de ces notes «confidentielles» et les livre à ses lecteurs in extenso.

M.J.

 


Paris, le 12 janvier 2011
Note


A l’attention de Son Excellence le Président Ben Ali

Objet : un scénario de sortie de crise
Même si la situation commence à s’apaiser, la sortie de crise n’est pas encore acquise.
Un scénario volontariste pourrait être le suivant :Changer profondément le gouvernement et l’équipe de vos conseillers à Carthage avec plusieurs objectifs-:
• Sanctionner des responsables qui ont mal fait leur travail ;
• Crédibiliser votre annonce sur les 300.000 emplois à créer (il faut changer profondément beaucoup de choses pour que ce qui n’a pas été possible hier soit une réalité aujourd’hui)
•Donner un coup de jeune et de dynamisme en nommant des quadras issus de la société civile et du monde économique, qui ont fait leurs preuves dans leur domaine.
2. Donner un signal clair et fort sur ceux qui, se revendiquant de votre entourage, sont à l’origine du sentiment d’injustice ressenti par la population
3. Envoyer un message de compassion aux familles des victimes
Même s’il y a de la manipulation, même s’il y a des terroristes infiltrés, vous êtes le Père de la nation et le Père de la nation doit être aux côtés de ses fils quand ils souffrent.
En plus du message au Parlement, une prière à la Grande mosquée de Carthage pour la Tunisie et pour ses fils pourrait être ce signal.
4. Donner un message politique
La crise actuelle n’est pas qu’une crise sociale : il lui faut, à froid, une réponse politique.
A moyen terme, à froid, en mars ou en avril, une réflexion pourrait être menée sur une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale qui permettrait d’y faire monter des têtes nouvelles, plus efficaces et plus représentatives de la Tunisie moderne.
H.E.K.
Paris, le 14 janvier 2011
Note

A l’attention de Son Excellence le Président Ben Ali

Objet : mettre en œuvre
• Internet : c’est fait
• Eléments de langage pour la communication : «c’est la victoire de la Tunisie. Maintenant il faut construire. Ce n’est qu’un début : nous serons jugés sur les actes ».
• Médias : continuer les débats à la télévision. Arrêter de suivre les journalistes étrangers. Changer complètement la mise en scène du journal télévisé de 20h. S’assurer que Nessma a le droit de faire des débats. Suggérer une deuxième édition des journaux cet après-midi. Être sûr que les journaux de samedi seront différents de ceux d’habitude.
• Inonder les médias étrangers d’interviews. Il faudrait qu’Image 7 fasse son travail.
• Changer la loi sur les associations
• Trouver un point de chute à l’étranger à Ben Dhia
• Réunir les partis politiques existants et annoncer que de nouveaux vont pouvoir être créés bientôt, avec la modification de la loi électorale
• Nommer un responsable de la lejna (qui ne soit pas le Premier ministre).
Une personnalité reconnue, indépendante. Pourquoi pas un avocat reconnu qui ne soit évidemment pas un proche ?
• Corruption : donner un signal. Faire savoir qu’une enquête a commencé.
• Annoncer un remaniement gouvernemental pour les jours prochains
• Organiser une conférence de presse en fin de journée pour faire le point sur les grandes décisions ainsi que les nominations. Avec le porte-parole du gouvernement?
H.E.K.

 

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